Un blog pour un voyage...

8000 km en 26 jours, 8 heures de décalage horaire avec la France :
l'idée de construire et faire vivre un blog tout au long de notre périple nous a semblé la meilleure
solution pour communiquer et en faire profiter tout ceux qui nous ont permis de partir.


Derniers jours à Los Angeles...

L'arrivée dans cette mégalopole nécessite une bonne carte + un GPS !!! Nous sommes arrivés par le Nord-Est et l'hôtel était au Nord-Ouest : près d'une centaine de km à traverser dans cette zone urbaine très étalée. Nous avons trouvé le petit hôtel charmant dans lequel nous avions réservé : "Farmer's daughter". Au coeur de West Hollywood, près des studios de cinéma Paramount et de la chaine de télévision CBS, c'est un ancien motel à la Pulp Fiction aujourd'hui redécoré façon "la fille du fermier": petit patio avec piscine et plantes grasses, déco branchée, musique lounge, rideau de douche multicolore, tapis en laine tricotée, housse de couette en jean, tableaux naïfs des animaux de la ferme, mobilier de récup' repeints. On s'y sent un peu comme chez soi, accueil mi-américain, mi-mexicain, ici on parle couramment les deux langues : parfois même on les mélange !

Le jeudi matin, promenade sur Hollywood Boulevard, sur les étoiles de Mickey Mouse, Nicolas Cage, Sigourney Weaver, Michael Jackson, Judy Garland, Roger Corman... puis détour au Virgin Megastore car il y a forcément des films disponibles en DVD que nous n'avons pas chez nous. C'est Disneyland pour les grands : on croise une multitude de touristes agglutinés autour de Batman, Jack Sparrow (personnage principal de Pirates des Caraïbes), Hulk, Superman, Spiderman, pour avoir une photo avec eux (bien sûr ce sont des inconnus qui sont déguisés). Sur cette avenue on croise aussi des gens moins déguisés mais dont la réalité crée un certain malaise : des sans-abris, des clones de Paris Hilton et j'en passe !

L'après-midi est consacrée à la visite du Getty Center : situé sur une colline, ce centre d'art et de recherche, immense, est gratuit (c'est tellement rare la gratuité dans ce pays). C'est assez proche d'Hollywood et en suivant Sunset Boulevard, on y est rapidement. On traverse Beverlly Hills avec ses richissimes propriétés, l'Université de Californie-Los Angeles, Bel Air dont les quartiers sont fermés sur eux-mêmes, puis nous arrivons enfin au parking du musée qui lui, n'est pas gratuit (il fallait s'en douter !). On se gare sagement dans le souterrain rempli de voitures. A la sortie de l'ascenseur, c'est Bono que l'on croise avec sa petite famille (enfin, c'est Olivier qui le reconnait car Isa qui cherche toujours ses lunettes dans son sac, passe à côté sans le voir !).
Le Getty Center, c'est d'abord une architecture magnifique, réalisée par le célèbre architecte Richard Meier, d'un ton très californien : sols et murs blancs en travertin, immenses baies vitrées, courbes et lignes droites épurées, jardins méditerrannéens bien organisés, avec vue sur L.A. et le Pacifique. C'est presque magique si on oublie l'autoroute qui passe en dessous, la brume de l'océan mélangée à la pollution et cette ville tentaculaire dans laquelle il se passe tout et n'importe quoi ! Les salles d'expo sont vastes et les oeuvres très variées : peintures et mobilier du Moyen-Age à aujourd'hui, les fameux iris de Van Gogh, photographes et vidéastes contemporains se partagent l'espace. Tout est bien mis en valeur : on se régale.

Mais à 17h30, il faut quitter les lieux car un nouveau moment magique nous attends... au Hollywood Palladium le soir... Nous avons deux places pour voir le chanteur des Smiths : Morrissey. La salle est mythique mais en mauvais état : elle ferme définitivement ses portes le 14 octobre pour être détruite, après avoir reçu Frank Sinatra en 1940, les Rolling Stones, James Brown, Madonna et même un discours de J.F. Kennedy en 1961.

Ce soir, jeudi 11 octobre nous avons vu le "Dieu vivant" d'Olivier. Un concert magnifique au milieu d'une foule d'ultra-fans de Morrissey. Mais les concerts aux USA, c'est pas comme chez nous : pas de bousculade, les agents de sécurités nous font avancer dans le rang avec un haut parleur (un peu comme en prison), on se fait vraiment fouiller à l'entrée et il faut montrer sa carte d'identité pour avoir son bracelet rouge "plus de 21 ans" et le droit de boire de l'alcool ! On a quand même le droit d'applaudir et ça, on ne s'en est pas privés ! Concert inoubliable pour tous les gens présents. On s'endort une dernière fois à Los Angeles, la tête dans les étoiles...

Deux jours à Las Vegas

"Bling-bling, tut-tut, musiques de jeux vidéos des années 80, vague musique d'ascenseur en fond sonore" : voilà comment on peut résumer cette parenthèse abracadabrantesque.
Ce mardi matin commence par une balade générale sur le "strip" : c'est le surnom de l'avenue principale qui héberge tous ces palace-casinos-centre commerciaux-parc d'attractions.
Notre hôtel "The Signature" ne fait pas casino et est un peu à l'écart derrière cette rue (l'avantage principal étant d'avoir le calme et le luxe pour moins cher) mais il est affilié à l'un des plus gros palace : le MGM Grand.
Les deux hôtels communiquent d'abord par de longs couloirs vitrés (avec tapis roulants comme dans les aéroports, pour pas perdre de temps !) puis par un large passage bordé de commerces luxueux et enfin, le casino ! Ici c'est comme chez Ikéa : notre trajectoire est bien étudiée. Où que nous allions, nous passons inévitablement devant des dizaines de machines à sous et tapis de jeu ! Difficile d'en trouver la sortie, même avec un plan... car elles sont bien dissimulées derrière des escaliers ou des machines à sous (encore elles !). La climatisation et les lumières tamisées nous donnent la sensation d'être en soirée, mais il n'est que 10h du matin ! Enfin, nous arrivons dans la rue : nous sentons enfin le soleil et la chaleur du Nevada. Effectivement, c'est intenable : la rue est perpétuellement en travaux, des hôtels, façades, trottoirs s'y détruisent et s'y construisent sans arrêt, des touristes venus du monde entier se photographient devant le moindre monument reconstitué (même moche parfois !). Cette avenue n'est qu'un décor de carton-pâte essayant d'imiter le vieux continent avec toujours la folie des grandeurs au détriment du bon goût : à Las Vegas, tout est permis.
Devant le palace "Paris", on peut croiser une partie de la façade de l'Opéra Garnier, la Tour Eiffel et l'Arc de Triomphe à l'échelle un tiers, des fontaines de Versailles et des petits bistrots. Plus loin, le "Venetian" est une reproduction de Venise avec son pont Rialto, ses façades colorées et les gondoles (que les touristes américains prennent d'assaut le temps d'une photo !). En face, le "Bellagio", dans une architecture moins tape-à-l'œil et un univers très italien nous rappelle les scènes fabuleuses d'Ocean's Eleven. Le MGM Grand, dont le symbole est un gigantesque lion doré à l'entrée, attire les touristes avec sa cage aux lions. Nous avons donc vus les deux lionceaux âgés d'un an jouer dans une grande cage en verre avec cascade et faux rocher.
A l'intérieur de ces palaces, moquettes épaisses, marbres ou sols en pierres lisses et brillants (et très glissants aussi !), lustres gigantesques, tableaux modernes, plafonds en verre coloré, fontaines, colonnes et statues... le "Martinez" à Cannes peut aller se rhabiller ! Chaque palace a son casino, les personnes âgées se trainent sur leurs fauteuils roulants jusqu'aux machines à sous et jouent frénétiquement toute leur petite monnaie pendant des heures. Il est permis de fumer dans le casino : tout est fait pour garder le client. Les serveuses aux mini-jupes très très raccourcies se dandinent des tables de jeux aux roulettes, servant gratuitement chaque joueur (pour qu'il n'ait pas à se lever et abandonne sa place au jeu pour boire un coup : la machine à sous rapporte plus que le bar évidemment). Tous les vices sont là, réunis dans une seule ville : derrière ces murs, on mélange à souhait les drogues, le jeu, la prostitution, la corruption : tout n'est qu'une question de dosage. Tout est fait pour consommer : que ce soit en spectacles, en expositions ou musées, en vêtements, bijoux ou restos, voitures de luxe, casino ou parc d'attraction. Nous-même n'avons pas joué un seul cent, mais Isa n'a pas résisté aux boutiques des centres commerciaux !
Le lendemain matin, mercredi, est réservé à un dernier tour dans Las Vegas : l'après-midi, nous devons nous rendre à notre prochaine étape, Los Angeles.
Nous traversons les palaces que n'avions pas vu la veille : le "Tropicana", "l'Excalibur" avec son château merveilleux de dessin animé, le "New-York" avec sa Statue de la Liberté, ses buildings, le pont de Brooklyn et le "Luxor" avec sa pyramide de 100 mètres de haut et la reproduction du Sphinx. Là encore, comme la veille nous croisons plus que jamais des machines à sous par centaines, des kilomètres carrés de moquette et de faux pavés.
Vers 14h, on reprend la route direction le palais des autoroutes qui se croisent à l'infini : Los Angeles (on a même croisé cette expression sur un livre de rando : "ces canyons sont aussi complexes que le réseau d'autoroutes de L.A." !)

Merci pour tous vos messages, on vous fait de gros bisous à tous !

Lundi 8 Octobre : Lake Powell et Horseshoe Bend

Une autre journée partagée en deux :
10h - Après avoir bien récupéré et pris notre temps pour le p'tit déj', nous partons direction Horseshoe Bend. C'est une partie du canyon du Colorado qui, peu après le barrage du Lake Powell, tourne et forme un fer à cheval. C'est un peu comme à Goosenecks, mais avec une roche différente. Malheureusement, ce n'est pas la bonne saison ni la bonne heure pour faire la bonne photo qui s'encadre : comme le soleil est plus bas en automne, on bénéficie de l'ombre du canyon dans la rivière, c'est pas génial. De toute façon, nous n'étions pas venus particulièrement pour faire une photo parfaite. Le site est très impressionnant : la sensation de vertige est assez présente, surtout qu'il fait déjà très chaud.
12h - après avoir fait quelques courses, nous nous arrêtons manger un bon sandwich au bord du Lac Powell. Le niveau de ce lac artificiel construit dans les années 60 est très très bas depuis quelques années, les autorités s'inquiètent des conséquences de son assèchement. Le barrage alimente en eau et en électricité toute la ville de Phoenix et une partie de l'Utah, du Nouveau Mexique, de l'Arizona. Le ciel est aussi bleu que l'eau : c'est superbe.
13h - Nous démarrons en direction de Las Vegas. Deux routes sont possibles : contourner le Grand Canyon par le sud ou par le nord. Nous choisissons la route nord qui nous permet de faire moins d'autoroute (tellement rectilignes et chargées de camions, elles sont trop ennuyeuses et sans charme) et de traverser à nouveau ce si joli parc de Zion !
16h - Nous rentrons dans Zion, avec encore une autre lumière que les fois précédentes : l'occasion de faire de nouvelles photos.
19h30 - Après un beau coucher de soleil sur les routes du Nevada, nous arrivons de nuit dans la capitale du jeu. Au milieu de la nuit sombre du désert, nous nous approchons d'une coulée de lumière, comme de l'or qui scintille : c'est Las Vegas.
L'entrée dans la ville se fait très rapidement : plusieurs autoroutes traversent littéralement le centre. La circulation devient beaucoup plus dense et compliquée. Nous avons à peu près idée de la sortie que nous prenons, nous voyons bien les 3 grandes tours de notre hôtel, mais pour trouver l'entrée, c'est pas gagné... En fin de compte nous trouvons sans trop de mal (mais un peu quand même).
A l'entrée du "MGM Grand Signature" c'est le choc : voilà 3 semaines que nous allons de petit hôtel en motel de campagne et nous nous retrouvons devant un palace avec voiturier et portier ! Il faut bien se faire à tout !
Notre chambre (qui est en fait un petit appart) est au 19ème étage de la première tour. Il y a un grand lit, un petit salon avec grand canapé, un grand bureau, des vrais peintures sur tous les murs, une cuisine (avec tout ce qu'il faut pour cuisiner), un écran plasma, une gigantesque salle de bains (2 lavabos, spa et douche) et un balcon. Wahou ! ça fait bizarre... un peu too much, mais pas cher. C'est bien ce qui change tout à Las Vegas : la seule ville où on peut se payer une nuit dans un palace ! (hors saison et en semaine of course !). Enfin, bon on est crevés : on programme de manger les sandwichs achetés à midi, tranquilous dans la chambre, un aperçu des autres palaces vus du balcon, une douche et au lit !

Dimanche 7 Octobre : Buckskin Gulch Canyon

Cette journée a démarré très tôt. Afin de visiter le lieu mythique de "Coyotte Buttes" tenu secret par les rangers. Le site n'est accessible qu'à 20 personnes par jour : certains se sont inscrits sur le web il y a 5 mois et 10 ont déjà été tirés au sort ; les autres doivent se présenter au centre des rangers à 8h30, à 40 km de Page, au milieu du désert, sur la Highway 98 East entre le mile 20 et le mile 21... Là, on s'inscrit, on nous donne un n° par groupe et le ranger tire au sort les 10 chanceux qui auront droit de voir "Coyotte Buttes". On s'est donc levés très tôt pour nous inscrire à temps, on nous a donné le n°9... jour de naissance d'Olivier, ça aurait pu nous porter chance, mais non... 10 places c'est vite rempli, surtout qu'il y avait 42 personnes inscrites ce jour-là. Le site est peu connu mais vaut la peine d'être vu, ça ressemble un peu à cette photo mais avec des lignes beaucoup plus épurées sans aucune végétation. Tant pis, ce sera pour la prochaine fois, s'il y en a une.
Comme nous sommes sur un site sauvage et taillé par les ruisseaux et eaux de ruissellement, il y a beaucoup de choses à faire, notamment le Buckskin Gulch Canyon. Pour s'y rendre, il faut acheter un permis : 5$ par personne (eh oui tout se paye aux USA, même le droit de randonner). On s'inscrit sur un registre donnant notre jour et heure de départ : si on ne revient pas, les rangers lancent des recherches. Il faut dire que le site est très dangereux et les risques non négligeables : en cas de fortes crues, lors d'un orage par exemple (même s'il a éclaté à des dizaines de km), le canyon se remplit subitement d'eau et de boue, les randonneurs qui marchent dans le lit de la rivière entre des parois de plusieurs mètres de haut, se retrouvent alors prisonniers et emportés, noyés par le courant.
En l'occurence, ce dimanche, aucun orage ou forte pluie ne sont prévus dans la région. Mais nous sommes les seuls garés là et les seuls inscrits sur le registre. La veille, seulement 2 personnes ont traversé ce canyon.
10h - on s'engage donc en solitaires sur la balade qui, mine de rien fait 10 miles aller-retour, l'équivalent de 16 km.
Nous avançons d'abord le long du lit de la rivière asséchée : il reste des traces de la dernière averse : la terre est encore humide par endroit. Nous scrutons les falaises avec les jumelles, comme nous l'a conseillé un ranger, à la recherche de Condors. Finalement nous pensons avoir vu un faucon et un aigle. Au bout de 4,5 km environ, nous entrons réellement dans le canyon : la terre encore humide se transforme en une boue très très glissante : par endroit, nous devons jeter des pierres sur le sentier pour passer sans glisser comme sur une digue. C'est génial car nous sommes seuls : personne ne nous gâche ce sentiment d'aventure même si elle reste modérée (on est pas en Colombie non plus!). On glisse un peu, les semelles sont chargées de boue qui alourdissent nos pas, on s'émerveille à chaque passage étroit. On s'inquiète de savoir où est le bout : eh oui, car le problème avec cet endroit c'est qu'aucune carte ne le répertorie correctement : nous avons seulement un vague croquis photocopié que le ranger nous a donné. En plus, on n'a pas de montre, impossible de savoir depuis combien de temps nous marchons.
Finalement, nous arrivons au point de confluence avec un autre canyon, plus court : nous y croisons d'autres randonneurs qui sont passés par une autre entrée. Sur les parois, d'autres pétroglyphes sont visibles. C'est super. Un couple d'américain avec qui nous échangeons quelques idées et aventures vécues dans le parc de Zion, nous accompagne un bout de chemin sur le retour. Puis nous continuons seuls, comme à l'aller. Mais l'heure a tourné et le soleil est plus haut, il fait plus chaud : le retour est plus difficile.
15h - Nous arrivons épuisés à la voiture qui est toujours toute seule sur le parking. Ce dimanche, il n'y aura eu que nous sur ce chemin.

Samedi 6 Octobre : on the road again

C'est sous la pluie et un ciel bouché que nous partons ce matin de Blanding en direction de Page. Il y a peu de route (300 km environ) et pour éviter les grands axes routiers, nous choisissons les petites routes (qui sont de la qualité d'une nationale chez nous). Ces petites routes réservent toujours des surprises... En l'occurence sur celle-ci, c'est le désert. D'abord parce que la végétation est limitée à une garrigue et quelques pins de petite taille poussant dans le sable, mais aussi car nous ne croisons personne : très peu de voiture et deux maisons sur une centaine de km. On pense à ces films qui relatent l'histoire de touristes disparus sur les routes américaines, après avoir croisés une déviation qui les mènent vers une famille de dégénérés (Massacre à la tronçonneuse, Détour Mortel, La colline a des yeux, 2000 maniacs...).
Mais notre aventure ne se passe pas comme ça : vers 11h, alors que nous roulons sur la 261 South en direction de Mexican Hat, des panneaux nous indiquent subitement un ralentissement dû à une forte descente, mais nous ne voyons rien venir à l'horizon. Tout d'un coup, la route goudronnée se transforme en une piste qui se rétrécit, tourne fortement et nous bascule sur le flanc d'une falaise. La route vertigineuse serpente et nous mène en bas du canyon nommé Valley of the Gods. Surprenant ! Nous décidons de nous arrêter sur le bord pour faire une photo du panorama. Mais sur le bord de la route sont déjà arrêtés deux véhicules et une dame, à l'extérieur qui nous fait signe : elle nous demande si nous savons comment ouvrir une voiture verrouillée automatiquement alors que les clefs sont sur le contact et le moteur en marche. On se gare, on fait tourner nos neurones dans tous les sens : la dame a laissé son portable à l'intérieur, deux jeunes femmes garées là elles aussi ont un téléphone mais pas de réseau. Ben voilà : la seule solution est de laisser le véhicule tourner dans le vide et fermé à clef, et emmener la dame à la prochaine ville ou maison pour appeler son assurance. En route ! On lui raconte notre aventure avec le couple au bras cassé dans le Yellowstone, elle nous répond que nous faisons bien notre travail de "Rangers remplaçants".
Rapidement, en bas du canyon, nous trouvons une maison, seule au milieu du désert, qui nous dépanne. Il s'agit d'un couple qui a transformé son ranch en Bed & Breakfast. La vue sur la "Valley of the Gods" est imprenable et la déco très "western" ! Pendant que la dame téléphone à son assurance, nous discutons avec le propriétaire, hippie reconverti en hôtelier. Il nous apprend que 3 jours plus tôt, il hébergeait Vincent Cassel, Cécile de France et l'équipe de tournage d'un film français dans la région. Nous discutons de la région, de musique, il nous fait visiter les lieux. Comme nous sommes bien un samedi, sur une route secondaire perdue à cheval sur 4 états, l'assurance annonce à la dame, un délai de plusieurs heures (entre 3 et 5 h) et un devis de 350 $ pour être dépannée ! Aïe ! Pas de doute, nous ne sommes pas, comme en France, dans un pays de services !
Comme nous ne pouvons rien faire de plus, nous la laissons là, dans ce gîte, au milieu de rien, dans un remake moderne dont le titre serait "Massacre à l'assurance".

A quelques km de là, le Guide du Routard nous conseille de faire un arrêt à Goosenecks : canyon de la San Juan river dont le tracé est particulièrement sinueux et la terre noire. Le vent est très fort, il fait froid, mais nous prenons quelques clichés entre deux éclaircies. Le lieu est d'une rare beauté, presque surréaliste, Olivier est sous le charme du lieu: il fait des photos.
Puis nous traversons la réserve Navajo et le fameux Monument Valley. Le temps n'est pas idéal pour faire des bonnes photos et l'idée de traverser ce lieu mythique en 4x4 ne nous enchante pas vraiment (location+guide navajo+entrée du parc trop onéreux). Nous préférons rester sur la route et garder du recul pour profiter de ce beau paysage. Nous poursuivons vers Page, petite ville au pied du lac Powell et du barrage de Glen Canyon.

Deux jours dans Canyonlands

A côté de Canyonlands, Arches est un tout petit parc ! Il faut bien 2 jours minimum pour entrevoir l'immensité du territoire et se promener un peu à pied. Une bonne partie du parc n'est accessible qu'en 4x4 et en VTT tellement les routes qui le traversent sont longues et accidentées. C'est donc un rapide survol que nous avons pu faire sur 2 jours. Mais là encore, nous ne sommes pas déçus du voyage !
Cette partie du territoire est aussi habitée par les mountain lions (voir photo : ce cliché n'est heureusement pas le nôtre !) et les coyotes (on en a vu un près de la route, mais trop tard pour le photographier).
Il est fortement conseillé de rester sur le sentier pour ne pas abîmer la croûte cryptobiotique qui recouvre le désert. C'est du sable mêlé à des micro-organismes, bactéries et déchets végétaux qui forme une mousse, se durcit et offre une protection et les éléments nutritionnels pour la germination des plantes. Cette couche est si fragile qu'un seul pas peut détruire des dizaines d'années de croissance. Des schémas amusants comme celui en photo, sensibilisent les promeneurs.

Jeudi 4 Octobre : le premier jour est consacré à la partie nord du parc : Island in the sky, appelée ainsi à cause de sa géographie. C'est une bande de terre large de quelques centaines de mètres qui s'étale sur plusieurs kilomètres mais c'est aussi la partie la plus haute du canyon, ce qui vu d'en bas donne une sensation d'"île dans le ciel". D'en haut, le panorama ressemble au Grand Canyon mais moins haut et sur une plus large superficie. Ce parc est bien moins visité et donc plus calme et intime. Comme les randonnées à pied sont plus limitées (et notre condition physique aussi après la journée dans Arches !), nous accumulons plusieurs petites balades sur les lieux les plus importants. Il fait moins chaud que la veille, le vent souffle très fort et en fin d'après midi, une menace orageuse interrompt notre course : la journée a quand même été bien remplie. En repartant, sur la route sinueuse, on imagine bien le Coyote (celui du dessin animé) attendre Bip-bip pour faire basculer le pierre en équilibre au-dessus de la route (voir photo)

Vendredi 5 Octobre : la seconde entrée du parc se trouve à 150 km plus au sud. Il faut donc partir tôt de Moab car beaucoup de route nous attend. D'autant plus que la connexion internet prévue à l'hôtel de Moab est tombée en panne et nous n'avons pas pu réserver notre prochaine nuit. En semaine, c'est pas bien grave mais nous sommes vendredi et veille de week-end de 3 jours (lundi c'est Colombus Day : journée consacrée à Christophe Colomb et à la découverte du continent), et les villes que nous allons traverser sont petites et peu nombreuses...
Avant l'entrée du parc, nous découvrons un site appelé étrangement "Newspaper Rock" (soit en français le "rocher journal"). Il s'agit d'une paroi rocheuse couverte de pétroglyphes datant de 2000 ans. En effet, le fouillis des dessins entremêlés semble raconter une histoire...
Plus loin, nous découvrons un autre versant du parc, encore moins touristique que le nord, avec au loin, Island in the sky et les "Needles", morceaux de canyon taillés comme les "hoodoos" de Bryce Canyon. Le vent est très très fort et le sable vole par endroit. C'est le paysage de Wagon Master (Le convoi des braves) et de Rio Bravo de John Ford. Nous choisissons une balade courte mais panoramique car il faut repartir tôt pour espérer trouver un lieu où dormir.
Finalement, nous faisons étape à Blanding dans un Super 8 Motel dont la chambre est king size : elle doit faire 55 m2 (en France on la partagerai en 2) !

Mercredi 3 octobre : Arches

Cette journée entièrement consacrée au parc d'Arches, est bien trop courte pour tout voir. Comme à Bryce Canyon, c'est l'érosion et les forts écarts de températures qui ont modelé le paysage : les couches rocheuses et sablonneuses se divisent, éclatent et forment des tranches de roches qui parfois se percent et donnent une arche naturelle. A l'entrée, il a fallu faire un choix :
- soit visiter comme un touriste japonais qui veut tout voir ou du 3ème âge qui peut pas trop marcher (et il y en a beaucoup du 3ème âge : c'est la saison !), et donc s'entasser sur les lieux les plus accessibles et visités ;
- soit visiter moins d'arches naturelles en quantité mais sur des chemins plus difficiles et moins empruntés, plus près de la faune et de la solitude.
Bien entendu, comme maintenant vous commencez tous à nous connaitre, on a pris la seconde solution : la plus fun à nos yeux !

Du coup, nous choisissons un chemin tout au fond du parc qui nous permet de cumuler un peu de la première solution et un peu de la seconde. Mais 15 kilomètres à pied dans le désert, 3 heures et demie au soleil avec très peu d'ombre, ça use ! Les 2 litres d'eau que nous avions prévu y sont largement passés et la crème solaire indice 4O n'était pas de trop ! On avait presque moins souffert dans la Vallée de la Mort ! Mais le chemin en valait la peine : la faune et la flore adaptées à un climat difficile et aride, un paysage étonnant difficile à traverser (car sans chemin tracé, on s'y perd très vite et se retrouve souvent face à une crevasse entre 2 murailles). Nous avons donc crapahuté entre les arches, sur les tranches rocheuses, parfois dans le sable ou dans des lits de ruisseaux asséchés en suivant des yeux les cairns (petits tas de pierres qui guident le randonneur quand il n'y a pas de sentier visible). Faute de serpents ou de mouflons du désert, nous y avons croisé très peu de touristes : la solitude dans le désert, presque comme Harry Dean Stanton dans Paris, Texas !
En fin de journée, on ne s'est tout de même pas privés des arches les plus visitées avec une belle lumière de coucher de soleil. Mais une chose est sûre : voir tout le parc en 1 seul jour est vraiment impossible. On se console en se disant que l'on y reviendra pour le reste !

Mardi 2 Octobre : Dinosaur

Le parc des dinosaures est situé au milieu du désert sur 2 états : l'Utah et le Colorado. Ce que nous avons prévu de visiter, la carrière "Quarry" est dans une zone un peu escarpée. En gros, voilà le scénario catastrophe des dinosaures américains : il y a environ 145 million d'années, de fortes crues ont accumulées au bout d'une vallée plusieurs cadavres de dinosaures qui ont été ensevelis sous des tonnes et des tonnes de sédiments et se sont fossilisés. Avec la tectonique des plaques (rappel des cours de 6ème !) et la naissance des Montagnes Rocheuses, la couche est remontée à la surface et s'est fendue, laissant à ciel ouvert ce "cimetière" de dinos.
C'est l'une des plus grandes carrières de fossiles au monde, et comme on ne peux pas avoir de la chance à chaque fois, le musée qui contient les plus beaux spécimens d'alosaurus, diplodocus et brontosaures est en rénovation depuis le mois de juillet ! Closed.
Nous avons tout de même pu visiter une carrière qui n'est plus exploitée par les chercheurs mais ouverte au public : c'est une petite rando dans la montagne, on nous donne une carte approximative et il faut chercher soi-même les os et fossiles dans la roche : comme de vrais paléontologues !!! Nous avons donc trouvé des fossiles de tous petits poissons, d'oeufs de poissons et des os, pleins d'os fossilisés, morceaux de bois pétrifiés, disséminés dans la paroi. Par contre, impossible de savoir vraiment à qui ont appartenu ces os : ces détails sont expliqués dans le musée en rénovation. Tant pis pour les informations scientifiques, nous avons quand même pu nous balader sur un site datant de plusieurs millions d'années, à travers les âges. C'est déjà pas mal ! De toute façon, l'intérêt c'était de chercher les nonos : voici quelques photos, à vous de les trouver maintenant.
Le site est aussi un lieu anciennement habité par les Indiens Fremont. Cette tribu a laissé des traces de son passage il y a 1200 ans (c'est bien plus récent !) : des pétroglyphes.
En début d'après-midi, nous reprenons la route pour Moab : on traverse une partie du Colorado dont le sous-sol est riche en ressources fossiles lui aussi... mais plutôt catégorie "or noir". Des puits de pétrole le long de la route, des pipe-line sur des km sont clôturés et jalousement gardés par des drapeaux américains !